Seigneuries de Banyuls et de Saint-Jean Lasseille

Aucun vestige antérieur à l'époque carolingienne n'a été trouvé sur le site de Banyuls-dels-Aspres. Et pour cause: c'est bien de cette époque que date l'implantation humaine sur ce site.
Le nom même de Banyuls est une évolution du nom Balneum (même racine latine à l'origine de balnéaire, balnéo-thérapie...) faisant référence à un lieu de baignade.
Jusqu'à la fin de l'Antiquité, les lieux sont en effet occupés par un vaste marécage, tel un étang peu profond, qui sera peu à peu asséché par l'homme en quête de terres labourables fertiles. Ce qui était auparavant une île, tout comme le site d'Ortaffa voisin, va se retrouver être une colline. C'est cette colline qui servira de support à une motte castrale, première implantation d'un château carolingien primitif, autour duquel vont s'établir des serfs afin de bénéficier de la protection du seigneur du lieu.

Initialement, le territoire de Banyuls se trouve le long de la voie Domitia, principale voie romaine reliant notamment l'évêché d'Elne à Barcelone. Lors de la conquête carolingienne sur les arabes, Arnald de Ulmis après avoir bravement exterminé trois rois Maures lors de la sanglante bataille des Cluses (la Clusa), se voit récompenser par Charlemagne du titre de Vavasseur de Montescot, ainsi que de la dotation de l'ensemble des territoires situés d'Elne aux Cluses de part et d'autres de cette voie Domitia.

Les années passent, la possession des territoires évolue au gré des alliances, legs, héritages, rachats, sans qu'aucune trace notable ne nous soit parvenue, l'invention du patronyme seulement au XIIe siècle nous empêchant de reconstituer une filiation suivie avant cette époque. En tout état de cause, les seigneurs des territoires d'Arnald de Ulmis au XIIe siècle sont issus en grande partie de ses descendants, la branche aînée titulaire du titre de vavasseur de Montescot se désignant du patronyme "d'Oms" directement issu de "de Ulmis" au XIIe siècle.

L'hypothèse la plus vraissemblable à propos de l'implantation humaine sur le site de Banyuls serait le leg au titre d'une dot de ce territoire à l'occasion du mariage d'une fille de la famille d'Oms avec un cadet de la famille des vicomtes de Castelnou, du rameau dit "de Montferrer", ce qui expliquerait les prétentions ultérieures de la famille sur ce fief de Montferrer.

Le territoire de Banyuls-dels-Aspres n'est cependant pas la possession exclusive de la famille de Banyuls. En effet:

C'est la puissance de Dalmace Ier de Banyuls au sein du Royaume de Majorque à la fin du XIIIe siècle qui va instaurer la puissance de la seigneurie de Banyuls, y annexant le territoire voisin de Saint-Jean Lasseille. Dalmace obtient en effet du Roi haute et basse justice sur ces terres. Une cérémonie grandiose de prise de possession a lieu12 janvier 1339, avec l'érection de fourches patibulaires matérialisant cette prise de droit.

On distingue en effet à cette époque la basse justice, matérialisée par deux fourches, pour laquelle le seigneur du lieu peut juger des délits dit « mineurs », c’est-à-dire vols, et la haute justice, matérialisée par l’établissement de trois fourches patibulaires, indiquant que le seigneur du lieu a le droit de vie ou de mort sur ses terres.

Les seigneurs de Banyuls de la famille éponyme sont donc, depuis la création du nom de famille:

Au XVe siècle, la famille étant assez importante, les fiefs sont répartis entre plusieurs membres de la famille et c’est François (Francesh) de Banyuls qui en est le seigneur ainsi que du fief de Saint-Jean-la-Ceille. Il est alors propriétaire des greffes (scribanias) de Céret.

Dépouillé de ses biens par Louis XI, Banyuls-dels-Aspres est donné par ce dernier à Auger de La Coste. La seigneurie de Banyuls est ensuite vendue et achetée par Llorens (Laurent) Pault, bourgeois et consul de Perpignan.

Après Auger de Lacoste, on retrouve la famille de Marti, seigneur de Banyuls-dels-Aspres du XVIe siècle à 1626, date du décès de la veuve du dernier seigneur du lieu sans postérité. De 1626 à 1635 a lieu un procès entre les exécuteurs testamentaires de la veuve du dernier seigneur et l'abbaye de Montserrat. L'abbaye finit par gagner le procès et est donc propriétaire de la seigneurie de 1635 à jusqu'à 1790. Les privilèges abolis par la première Révolution Française, les terres appartenant encore à l'abbaye sont découpées et revendues par lots en tant que biens nationaux et Banyuls-dels-Aspres devient ensuite une commune.

Louis XI (1423-1483), fils de Charles VII (1403-1461) accède au trône dès la mort de son père en 1461.

Sa première action de monarque fut de profiter de la crise de succession en Aragon. En effet, Alphonse le Magnanime était mort en 1458. Jean II, frère du défunt, disputait la couronne à son fils Charles de Viane. Celui-ci fut retrouvé mort en septembre 1461, ce qui déclencha une guerre civile entre Jean II et les villes, en particulier Barcelone. Louis XI tenta de s’allier aux États de Catalogne. Devant leur refus poli, il se tourna vers Jean II, lequel lui céda les revenus des comtés de Catalogne et de Cerdagne en échange de son aide. Louis XI en prit tout bonnement possession.


Passé au royaume de Majorque au XIVe siècle, puis revenu dans le giron du royaume d'Aragon, Banyuls poursuivra son histoire dans le sens de l'histoire générale du Roussillon sans qu'aucun évènement majeur ne le sorte du lot.
L'église paroissiale de Banyuls est dédiée à St André. Elle contient un Christ et quelques autres statues des XVIIe et XVIIIe siècle. Chose pas si fréquente que ça, elle est fortifiée.

© 2013